Loris Baz, ou le symbole de la malédiction Française

Publié le 02 02, 2021 dans la catégorie Stories

Ce ne sera pas le premier hiver que Loris passe à la maison sans -ou avec très peu de- perspectives sur son avenir immédiat. Mais ça devient lassant.

Malédiction Française

Franchira-t-il l’Atlantique pour rejoindre le championnat Superbike US, l’AMA ? 

La famille Ten Kate aura-t-elle finalement le budget pour la saison à venir afin de lui donner un guidon ? Une énième fois, énième saison que Loris ronge son frein chez lui, en attendant qu’une solution soit trouvée pour qu’il pose son séant sur une meule digne de son rang, et qu’il visse la poignée en coin. Parce que cette partie-là, plus personne n’en doute, il sait faire. 

Une forme de malédiction française en somme qui s’explique assez facilement. Là où Repsol et Movistar injectent des millions dans la filière moto espagnole, créant une véritable pépinière de nouveaux talents, nous avons, en France, des compagnies telles que, respectivement, Total et SFR qui n’en ont cure. Là ou un certain “Doctor” venant de la péninsule italienne a créé la VR46 Riders Academy et des écuries éponymes en championnat du monde, nous n’avons que la FFM qui fait ce qu’elle peut, mais qui est exsangue en termes de finances si on la compare à l’empire de Valentino Rossi. Mis à part quelques passionnés pas assez fortunés pour donner la réplique, il manque cruellement d’un véritable mécène issu d’une grosse industrie telle celles du pétrole ou de la téléphonie espagnole. En témoigne l’embauche en 2017 de Quartararo par Sito Pons en moto2, le pourtant “plus espagnol des pilotes français” faisait dire à son employeur que les sponsors venaient à se désolidariser de l’équipe parce qu’un français, c’est pas bankable.

Loris aura toujours subi cette loi du plus faible, et malgré des résultats toujours probants, et malgré une abnégation à la douleur quasi religieuse, il termine immanquablement par perdre ses guidons.

Malédiction Catalane 

Cette année c’est le team Barni en Superbike, voilà trois ans c’était Avintia en MotoGP, et chaque fois c’est le même pilote et les millions de ses parents, bijoutiers, qui mettent Bazooka sur la touche : Tito Rabat.

Alors qu’un accord semblait pouvoir se concrétiser pour mettre Loris sur une Ducati Panigale V4R, c’est finalement Tito qui en prendra les commandes. Et malgré tout le respect dû à ce pilote, champion du monde Moto2 en 2014 tout de même, va falloir qu’il prouve, après 5 années plus que laborieuses, passées en MotoGP où il végéta dans le bas du classement, que l’obtention de son guidon n’est pas que le fruit des budgets que papa et maman amènent. En gros va falloir tourner la poignée dans le bon sens et monter sur la boîte. Sinon il y aura de quoi maugréer, prenant de l’angle sur son canapé, les samedis et dimanches de courses, en se disant qu’il valait mieux notre tricolore sur la belle italienne que cet Espingouin.

Je n’ai rien contre Tito, juste un poil de chauvinisme et je suis surtout échaudé par le fait qu’un mec comme Loris ne puisse jamais se concentrer sur et uniquement sur son pilotage afin d’éclore réellement. C’est frustrant car c’est loin d’être le seul de nos tricolores à devoir trop souvent faire ses bagages, errant jusqu’à ce que les portes d’un autre team, toujours moins bien doté, ne s’ouvrent. Et c’est souvent la dégringolade année après année.

Pas toujours les bons choix

Faut voir aussi que certains choix opérés par nos pilotes ne sont pas toujours des plus judicieux. Zarco par exemple, de quitter la catégorie 125cc alors qu’il était vice-champion du monde et surtout dans l’un des meilleurs team, Ajo, celui qui remporta le championnat suivant lors de l’avènement des Moto3 avec un certains Cortèse. 

Ou encore Quartararo, bien mal guidé par son manager d’alors ; Eduardo Martin, le sortant d’un des meilleurs team Moto3, Estrella Galicia, pour l’emmener chez Léopard, qui eux, s’ils étaient champions en titre, venaient de décider de changer de monture, passant de Honda à KTM, El Diablo fut totalement perdu et son année sacrifiée, jusqu’à ce qu’il renaisse, pas moins de deux ans plus tard sur la Speed Up, signant deux victoires (dont une annulée pour cause de pression de pneu non conforme).

C’est le terrible accident de Joan Lascorz, pilote officiel Kawasaki en WSBK aux côtés du fer de lance d’alors, Tom Syke, qui va, paradoxalement, lancer Loris dans la cour des grands. Le guidon laissé vacant par la blessure irréversible de Joan, va alors être proposé à notre tricolore. Essai transformé avec une victoire à la clé, ainsi une 5eme place finale au championnat 2014… Année où un certain Guinters sera champion. Et les sirènes du Moto GP de  retentir, mais sur de fausses notes, un premier contrat cassé chez LCR pour cause de trop grande taille (sic !), un rebond chez Foward, sur un Yam Open, et des conditions financières qui auront raison du team avant la fin de l’année. Trois laborieuses années s’ensuivront sur des Ducati surnommées “Mamie” parce qu’elle avait 2 ans d’âge, un gouffre dans une catégorie de prototypes où tout évolue à la vitesse de la lumière. 

On peut refaire l’histoire

Dire que Zarco aurait été champion Moto3 en lieu et place de Cortese, et que les portes des meilleurs teams se seraient ouvertes à lui en moto2, lui permettant d’être champion de la catégorie bien plus vite que l’histoire ne s’est écrite.

Dire que Quarta aurait trouvé sa voie lors d’une seconde année chez Monlau, et que Loris, fort de ses trois années chez les verts, aurait concrétisé lors de sa quatrième. 

Mais c’est justement avec des “si” qu’on refait le(s) match(s)… Reste qu’à force d’histoire à la c… comme celles-ci, on est un poil sur sa faim. 

Moto GP photo de bas de page